Pieds nus, descendre l’escalier en évitant de

Pieds nus, descendre l’escalier en évitant de faire grincer les planches disjointes des marches, bien mettre le pied dans l’angle en se tenant à la rampe, ne pas trop appuyer.

Je l’ai souvent descendu comme ça, comme si j’avais voulu répéter encore et encore, comme si j’avais voulu par cette répétition enlever toute signification à ces mouvements tant de fois accomplis, pour qu’ils  deviennent  automatiques et ne perturbent pas le fil de mes pensées.

La lumière joue dans la toile d’araignée à l’angle du mur, à mi-hauteur… Il doit être six heures… Des reflets incertains. Où est l’ombre, où est le fil ?

Je joue un drôle de jeu, mais je ne suis pas dans le rôle. J’ai l’air d’avoir les pieds sur terre mais c’est dans les moments où je semble le plus en prise à la réalité qu’elle se dérobe. J’accomplis les gestes, je dis les mots qu’on attend de moi, mais je suis vide… Le décalage est grand, l’écart démesuré et j’ai peur de tomber dans le trou béant qui s’ouvre entre mes pieds.

Comments

[bismoun]

Des souvenirs qui craquent
Aux planches de l'escalier
Dans le bois, une séve ...
Comme un vernis plaqué
Sur la mémoire, le point
En montée et descente
Comme dans le noir, le temps
Des pieds nus dans le coin
Appuyés au silence
Au fil de tes pensées
D'une toile qui danse ...
Pourras tu raconter ...?