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Café noir
8 février 2006

des poules dans les arbres

Il y avait des poules dans les arbres. Ce n’est pas parce que vous ne connaissez que les grosses poules de basse-cour que ce ne sont pas des oiseaux, et en tant que tels, elles savent voler. Mal certes, et avec une certaine lourdeur, mais voler quand même. Il y avait aussi des pintades, qui gueulaient « mandrack » quand vous vous approchiez trop. Et un chien moche qui ressemblait à un mouton, un mouton sale, dégénéré.

Et puis des poules sans tête accrochées par les pattes contre un mur, avec leur sang qui dégouttait dans une assiette posée en dessous.

Mon pied s’est enfoncé dans quelque chose de mou et visqueux. Sous ma semelle, il y avait un magma de poils de viscères et de sang, qui était autrefois un poussin et que j’avais écrasé. Je vis avec terreur une poule se précipiter vers moi, me pourchasser pour me crier sa douleur de mère face à son enfant broyé. Elle tentait sans relâche de me jeter un objet qui poussait dans son bec, un objet dur fait de mots agglutinés, solidifiés. Je me suis enfuie, me précipitant à l’intérieur de la maison, m’enfonçant toujours plus loin dans des couloirs qui n’en finissaient pas, traversant des pièces innombrables. Et finalement, je me suis enfermée, je me suis cloîtrée dans une chambre dont j’ai obturé toutes les issues, mais j’entendais la poule au dehors, je la devinais à l’affût. Je savais que je ne pourrais plus sortir, qu’elle serait là, toujours, à me guetter, prête à me jeter à la tête ma culpabilité, qu’il me faudrait un jour affronter.

Une poule sur un mur, tête coupée, qui picote du pain dur. Sauf qu’il n’y avait pas de pain. Juste des poules, sur les murs, et dans les arbres.

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Commentaires
L
:)
B
j'aime beaucoup ce texte la mosca !!
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