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Café noir
19 février 2006

Svreco Albergo (à cinq heures du bout du monde)

Le train roulait en cahotant, mais il roulait. Svreco Albergo se tassa davantage encore contre la vitre crasseuse. Ses larmes dégoulinaient et commençaient à former une flaque noirâtre sur le siège où il se tenait. Comme il ne touchait pas le sol, il s’agrippait autant qu’il le pouvait pour résister aux secousses incessantes et pour éviter d'être projeté à terre au pied des autres voyageurs qui l’auraient foulé sans pitié et auraient ensuite contemplé avec dégoût la semelle de leurs chaussures. Donc il se crochait aux aspérités du tissu usé et aux rideaux déchirés qui pendaient lamentables contre les panneaux de verre sécurit. Le train était bondé, mais comme à l’accoutumé, personne ne prit place à coté de lui. L’odeur sans doute, et l’humidité. Le train s’arrêta encore une fois en crissant. Les larmes de Svrenco Albergo avaient maintenant totalement imbibé la banquette qui se mit derechef à goutter. Les autres voyageurs soulevèrent prudemment leurs pieds pour esquiver la mouillure sanglotante. Puis le wagon s’ébranla à nouveau par soubresauts successifs. La masse ruisselante de Svrenco Albergo faillit alors être propulsée en avant. Profitant de la halte, celui-ci s’était en effet imprudemment décroché de son siège pour se moucher dans un carré de tissu détrempé de couleur incertaine. Heureusement, in extremis, il parvint à se rattraper aux ficelles qui pendaient du filet à bagages et il réassura solidement sa prise en reniflant bruyamment.
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Commentaires
L
moi aussi Eyck... bisous
E
Voilà. Je pense à toi et je t'embrasse.
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